La Plateforme Résistance Démocratique (RED), se trouve aujourd’hui prise au piège d’une guerre interne. Deux communiqués contradictoires, publiés à un mois d’intervalle, exposent une lutte de pouvoir sans précédent. Mais cette querelle ne se limite pas à un simple conflit de leadership : elle révèle des dichotomies profondes, incarnant les tensions qui traversent la sphère politique haïtienne.
Contradiction dans les communiqués
Le 16 octobre 2024, un communiqué éclatait comme une bombe : Jonas Coffy, ancien ministre et figure influente, était présenté comme le seul représentant légitime de RED. Ce texte, signé par plusieurs cadres, écartait Renald Lubérice et Esther Antoine, accusés de corruption et de collusion avec des intérêts douteux.
Un mois plus tard, le 12 novembre, un retournement spectaculaire remettait tout en question. Un autre communiqué, signé par un camp rival, annonçait la radiation définitive de Jonas Coffy, suspendu temporairement depuis octobre. Cette fois, Renald Lubérice était désigné comme le seul porte-voix officiel de RED, accusant Coffy de chercher à usurper l’autorité de la plateforme.
Ces déclarations antagonistes illustrent une plateforme en guerre avec elle-même, incapable de parler d’une seule voix.
Vision opposée des camps
Les communiqués révèlent également une fracture idéologique.
• D’un côté, le camp Lubérice-Antoine se présente comme les gardiens des principes fondateurs de RED, dénonçant les agissements de Jonas Coffy qu’ils jugent nuisibles à l’intégrité de la plateforme.
• De l’autre, Jonas Coffy se positionne comme un défenseur de la lutte anti-corruption, accusant ses opposants de compromission avec des scandales financiers, notamment celui lié à la Banque Nationale de Crédit (BNC).
Chaque camp revendique les valeurs de transparence et de justice, tout en accusant l’autre de les trahir.
Ambitions personnelles contre mission collective
Cette guerre interne met en lumière une autre dichotomie : RED, censée unir ses membres autour d’une mission démocratique pour Haïti, se révèle aujourd’hui paralysée par des ambitions personnelles.
Plutôt que de construire une réponse commune aux défis d’un pays en crise, les factions rivales s’affrontent pour le contrôle des ressources, du pouvoir et de la légitimité. La plateforme, autrefois perçue comme une force d’opposition crédible, risque désormais de disparaître sous le poids de ces luttes intestines.
Scandales publics vs image de transparence
La plateforme est également prise au piège d’une dissonance entre ses discours et ses pratiques.
• Dans les discours officiels, chaque camp se présente comme un exemple d’intégrité, accusant l’autre de trahison et de corruption.
• Dans la réalité, RED se retrouve éclaboussée par des scandales publics, affaiblissant son image et sa capacité à incarner un changement politique.
Ces paradoxes minent la crédibilité d’une organisation qui prétendait être un bastion de la transparence.
RED affaiblie vs le contexte politique haïtien
La crise interne de RED s’inscrit dans un contexte plus large d’instabilité politique en Haïti. Alors que le pays fait face à des défis majeurs, cette querelle affaiblit une plateforme qui aurait pu jouer un rôle central dans la transition démocratique.
RED est désormais au bord de l’implosion. À moins d’une médiation urgente pour réconcilier les factions rivales, cette guerre fratricide risque de marquer la fin d’une organisation autrefois prometteuse.
Un avertissement pour le futur
La saga RED est un miroir de la scène politique haïtienne : une lutte d’influence où les intérêts individuels supplantent les aspirations collectives. L’histoire de RED n’est pas seulement celle d’une plateforme en crise, mais aussi celle d’un pays en quête d’unité et de leadership.
L’échec de RED pourrait servir de leçon pour d’autres acteurs politiques : sans un engagement sincère en faveur de l’unité et de la transparence, aucune organisation ne peut espérer répondre aux besoins du peuple haïtien.