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COMPAGNIE DIGNITE

Drones, discours et échec : Alix Didier Fils Aimé a failli

Alors que Haïti s’enfonce chaque jour davantage dans une spirale de violence incontrôlée, le Premier ministre Alix Didier Fils Aimé, président du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN), apparaît plus effacé et plus déconnecté que jamais de la réalité du terrain. Loin d’incarner l’autorité de l’État, il symbolise désormais son impuissance.

La situation sécuritaire a franchi un seuil critique. De larges portions du territoire national restent sous le contrôle de gangs lourdement armés, au premier rang desquels la coalition Viv Ansanm, qui continue d’imposer sa loi, de déplacer des milliers de familles et de paralyser la vie économique et institutionnelle du pays. Port-au-Prince et plusieurs communes avoisinantes portent encore les stigmates de cette domination armée.

Face à ce chaos, le chef du gouvernement brille par son absence. Aucun plan de sécurité clair n’a été présenté à la nation. Aucune stratégie globale, aucun calendrier, aucun objectif mesurable. Le silence du Premier ministre, pourtant responsable politique de la sécurité publique, est devenu assourdissant.

La seule initiative mise en avant par la Primature ces dernières semaines — l’utilisation de drones dits « kamikazes » — relève davantage de l’opération de communication que d’une réponse sécuritaire sérieuse. Présentés comme une arme décisive contre les gangs, ces engins n’ont, à ce jour, conduit à aucune neutralisation confirmée de chefs ou de membres notoires de Viv Ansanm. Aucun bilan officiel crédible, aucune preuve vérifiable, aucun impact tangible sur le contrôle territorial des gangs n’ont été communiqués.

Pendant que les drones survolent les discours, les bandits, eux, restent bien en vie, lourdement armés et solidement implantés. Les populations déplacées ne sont pas rentrées chez elles, les quartiers libérés n’existent que dans les communiqués, et l’insécurité continue de dicter la loi.

Cette inefficacité persistante alimente une défiance profonde. Dans l’opinion publique, une question revient avec insistance : comment expliquer une telle absence de résultats, alors que les gangs opèrent à visage découvert ? L’inaction prolongée du pouvoir, combinée à une communication floue, nourrit les soupçons et renforce l’idée d’un État complaisant, sinon paralysé.

Plus grave encore, aucune initiative diplomatique majeure, aucune coopération sécuritaire structurante, aucune réforme sérieuse de la PNH n’a été engagée sous la direction d’Alix Didier Fils Aimé. Le pays semble livré à lui-même, pendant que la Primature se réfugie dans l’annonce d’outils technologiques sans effets concrets.

Aujourd’hui, le Premier ministre n’incarne plus un leadership, mais un vide. Un vide dangereux, dans un pays qui n’a plus le luxe de l’improvisation ni de la mise en scène. Pour une large frange de la population, Alix Didier Fils Aimé n’est plus un chef de gouvernement, mais un spectateur impuissant d’un État qui se délite.

Dans un contexte aussi explosif, cette faillite politique devient insoutenable. Gouverner ne se résume pas à occuper un fauteuil ou à annoncer des gadgets sécuritaires. Gouverner, c’est protéger. Et sur ce terrain essentiel, le Premier ministre a échoué.

JEAN LOUIS FANFAN.

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