le 11 décembre 2025.- Invité de Magik 9 ce jeudi 11 décembre, l’ancien ministre de la Culture Pradel Henriquez a rappelé que l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) n’a pas reconnu le compas direct de Nemours Jean-Baptiste, un label protégé par droit d’auteur, mais bien le compas d’Haïti dans sa globalité. Il a retracé le processus national engagé depuis 2020, notamment la création du « Mois du compas », et souligné le rôle central des fonctionnaires du ministère dans le montage et la défense des dossiers de patrimoine immatériel.
Le compas reconnu : une distinction qui concerne le “compas d’Haïti” Pradel Henriquez a tenu à dissiper un malentendu majeur : ce n’est pas le compas direct qui figure sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité. Le label « compas direct », créé par Nemours Jean-Baptiste, est protégé aux États-Unis, ce qui empêche l’État haïtien de l’utiliser officiellement dans un processus international.
Pour contourner cet obstacle juridique, le ministère a construit la notion de « compas d’Haïti », qui englobe le compas direct et toutes ses évolutions : compas mamba, compas créole, compas grouillade, et autres déclinaisons issues de cette tradition musicale. Un processus national lancé dès 2020 L’ancien ministre a expliqué que la reconnaissance internationale exige d’abord une reconnaissance nationale. Dès mars 2020, en pleine pandémie, le ministère a instauré le « Mois du compas », destiné à mobiliser les communautés autour de ce patrimoine et à préparer la candidature.
Les activités s’étaient connectées à deux dates symboliques : 21 juin : Fête de la musique; 26 juillet : Jour du compas, célébrant la création du genre par Nemours Jean-Baptiste. Ces initiatives ont été complétées par des débats, des animations culturelles et de grands événements musicaux réalisés avec divers acteurs culturels. L’UNESCO et l’OIF, partenaires clés de la politique patrimoniale Selon Henriquez, le dossier du compas s’inscrivait dans une stratégie globale du ministère visant à soumettre plusieurs éléments du patrimoine haïtien à des instances internationales. Dans cette dynamique, au moins sept éléments ont été portés : Soupe joumou, kassav, rara, métal découpé, carnaval de Jacmel et papier-mâché, clérins d’Haïti, ainsi que le compas.
Il a rappelé que la reconnaissance du patrimoine immatériel repose sur un partenariat constant avec l’UNESCO et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Un hommage appuyé aux fonctionnaires du ministère L’ancien ministre a insisté sur le rôle déterminant des cadres du ministère de la Culture, souvent oubliés lors des célébrations officielles. Il a cité plusieurs agents et directeurs qui ont assuré la rédaction, le suivi et la finalisation des dossiers, souvent sous pression et dans la discrétion. Il a illustré ces difficultés par l’anecdote de la Soupe joumou, dont la reconnaissance nationale a été signée in extremis en décembre 2021, après que le dossier eut été retrouvé et imprimé en urgence.
Le ministère, acteur central de l’évolution musicale Henriquez a également rappelé que le ministère de la Culture a joué et doit continuer à jouer un rôle crucial dans le développement de la musique haïtienne, citant notamment l’appui institutionnel apporté jadis à de grands groupes comme Carimi ou Passion de Montréal dans le cadre du festival Festi-Été.

