Lors d’une intervention publique ce jeudi à Pétion-Ville, le directeur général Éric Prévot Junior a dressé un portrait préoccupant de l’état du secteur maritime haïtien. Il a mis en lumière deux problématiques majeures : l’absence persistante de délimitation des frontières maritimes avec la République dominicaine et l’effondrement progressif des capacités hydrographiques du pays.
Selon le responsable, Haïti fait face à une situation particulièrement délicate. Bien que la ligne frontalière terrestre avec la République dominicaine soit clairement définie, aucune entente formelle ne fixe les limites en mer entre les deux États. Cette lacune juridique place régulièrement les pêcheurs haïtiens dans une position vulnérable, exposés à des arrestations répétées et à des tensions lors de leurs activités de pêche.
Face à cette réalité, Éric Prévot Junior a annoncé que des efforts diplomatiques sont en cours afin de réunir prochainement les autorités maritimes haïtiennes et dominicaines autour d’une table. Il a souligné que cette rencontre vise notamment à discuter de la gestion partagée de zones sensibles, de la sécurité des pêcheurs et de la clarification des espaces maritimes revendiqués par les deux pays.
« Nous ne pouvons plus continuer à improviser. Une solution officielle et durable s’impose pour protéger nos citoyens en mer », a-t-il insisté.
Le DG a également abordé un dossier peu connu du grand public : celui de l’hydrographie. Il a confirmé que l’État haïtien possède bel et bien un navire hydrographique acquis à grands frais. Toutefois, ce matériel stratégique demeure inutilisé. En cause : l’insécurité persistante et l’absence quasi totale de personnel formé pour opérer l’équipement.
Haïti ne compte aujourd’hui qu’un spécialiste pleinement qualifié dans ce domaine, après que l’un des rares experts du pays a été contraint de partir à l’étranger pour échapper à l’insécurité. Cette carence sérieuse empêche le pays de mettre à jour ses cartes maritimes, de sécuriser correctement ses installations portuaires ou encore de planifier des opérations essentielles en mer.
Malgré ce constat alarmant, des organisations internationales ont manifesté leur volonté d’aider Haïti à reconstruire le secteur, notamment à travers des programmes de formation destinés à de nouveaux techniciens et ingénieurs.
En conclusion, le directeur général du SEMANAH a appelé à une mobilisation nationale. Sans amélioration de la sécurité, sans renforcement des compétences locales et sans coopération véritable avec les partenaires régionaux, a-t-il averti, la souveraineté maritime du pays continuera de s’effriter.
Jean Louis FANFAN.

