Port-au-Prince, Haïti – Le Conseil présidentiel de transition a procédé à la révocation du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, confirmant ainsi la rupture profonde entre l’Exécutif et la Présidence collégiale mise en place après la chute du dernier gouvernement.
Ce conflit ouvert entre la Primature et le Conseil présidentiel avait déjà fait l’objet de vives spéculations ces derniers mois. À l’approche du 7 février 2026 – date à laquelle le mandat des neuf membres du Conseil présidentiel devait théoriquement prendre fin –, les débats se multiplient quant à l’avenir de la transition politique en Haïti.
Selon plusieurs observateurs, les tensions entre M. Fils-Aimé et certains membres influents du Conseil présidentiel auraient été alimentées par des ambitions divergentes quant à la direction du pays. Fait notable : les trois conseillers qui avaient initialement soutenu le Premier ministre – eux-mêmes cités dans le scandale de la Banque Nationale de Crédit (BNC) – ont fini par lui retirer leur appui, précipitant sa chute. Ce retrait a renforcé l’isolement politique du chef du gouvernement, fragilisant davantage sa position déjà contestée.
La révocation d’Alix Didier Fils-Aimé s’inscrit dans une continuité politique troublante : il rejoint ainsi Garry Conille, autre chef de gouvernement emporté par les turbulences politiques internes. Pendant ce temps, la crise multidimensionnelle que traverse Haïti persiste sans perspective de résolution. L’insécurité demeure omniprésente, les gangs contrôlent de larges portions du territoire, et les institutions républicaines peinent à s’imposer.
Alors que les citoyens haïtiens semblent livrés à eux-mêmes, une question essentielle demeure : quel avenir pour un pays où l’instabilité politique semble s’être érigée en norme ?
JEAN LOUIS FANFAN.

