Port-au-Prince, 9 octobre 2025 —
Annoncé en grande pompe par le gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé, le Conseil des ministres prévu ce jeudi 9 octobre au Palais national s’est transformé en une scène de confusion et de panique. Alors que les autorités s’apprêtaient à entamer la séance, une situation de tension a éclaté dans les environs immédiats du Palais, forçant plusieurs membres du gouvernement à quitter précipitamment les lieux sous haute sécurité.
Selon des témoins présents sur place, des tirs nourris et des mouvements suspects ont semé la panique dans le périmètre du Champ-de-Mars, où se trouvent plusieurs points sensibles du dispositif présidentiel. Des unités de la Police nationale d’Haïti (PNH) ont été déployées en urgence pour évacuer les responsables présents, dont le Directeur général de la PNH, Vladimir Paraison, qui aurait été évacué en catastrophe vers un lieu tenu secret.
Cet incident, survenu au cœur même du pouvoir, illustre de manière flagrante la fragilité de l’État haïtien, incapable d’assurer la sécurité de ses plus hautes institutions, y compris celle du siège symbolique de la République.
Malgré les communiqués rassurants diffusés plus tard par la Primature, l’événement a laissé une impression d’impuissance totale : si le gouvernement ne peut garantir sa propre sécurité, comment peut-il protéger celle du peuple ?
Depuis plusieurs mois, la capitale vit au rythme des tirs, des affrontements et des enlèvements. Les zones stratégiques comme le Champ-de-Mars, jadis symbole de la souveraineté nationale, sont désormais considérées comme des zones à haut risque.
Cette nouvelle alerte, en plein Conseil des ministres, vient rappeler que l’État est sur la défensive, encerclé, vulnérable jusque dans ses bastions les plus protégés.
Face à cette situation, des observateurs dénoncent l’effondrement de l’autorité régalienne. « Quand un gouvernement doit fuir son propre palais, cela traduit l’échec complet de l’appareil sécuritaire », commente un analyste politique joint par téléphone.
Tandis que la population continue de subir la terreur quotidienne des groupes armés, le pouvoir semble plus que jamais retranché, coupé du réel, oscillant entre déclarations symboliques et fuites précipitées.
FANFAN JEAN LOUIS.