Port-au-Prince, 18 août 2025 – Le Collectif Nou Pap Konplis s’élève contre le contrat signé entre l’État haïtien et Vectus Global, société dirigée par l’homme d’affaires américain Erik Prince, fondateur de la controversée firme Blackwater. L’organisation dénonce un accord conclu « dans la plus grande opacité », qu’elle considère comme une « atteinte grave à la souveraineté nationale ».
Selon des informations relayées par la presse étrangère, le contrat confierait à Vectus Global la gestion de la sécurité des frontières haïtiano-dominicaines et la collecte des recettes douanières pour une durée de dix ans. Une décision qui indigne le collectif, d’autant plus que « le déploiement de mercenaires sur le terrain depuis mars 2025 n’a produit aucun résultat tangible », alors que les gangs continuent de contrôler de vastes zones du territoire national.
Le collectif dénonce également l’absence de communication officielle de la part du gouvernement dirigé par Alix Didier Fils Aimé et de son coordonnateur Laurent St-Cyr. « Ce gouvernement, déjà dépourvu de légitimité populaire, engage illégalement l’État dans un contrat dangereux, sans aucun cadre juridique ou institutionnel », déplore le communiqué.
Nou Pap Konplis met en garde contre les risques d’impunité qu’un tel partenariat pourrait créer, rappelant que des mercenaires de Blackwater avaient échappé à toute poursuite en Irak malgré de graves abus commis.
L’organisation insiste sur le lourd passé de la société d’Erik Prince. Blackwater, rebaptisée Xe, a été condamnée en 2010 à payer 42 millions de dollars pour trafic d’armes et fait face à des accusations liées à plus de 168 crimes et délits graves en Irak.
« L’expérience de l’Irak et de l’Afghanistan prouve l’échec de ce type de stratégie. Haïti ne peut pas se permettre de confier son avenir sécuritaire à des pratiques aussi opaques et controversées », martèle le collectif.
Appel à la vigilance citoyenne
Nou Pap Konplis exige des explications détaillées sur les termes du contrat : sa durée, les missions confiées, les implications légales en cas d’abus, et le montant total engagé. « Il s’agit de l’argent du peuple haïtien », rappelle le porte-parole du collectif, Ricardo Fleuridor, qui appelle la population à rester mobilisée face à ce qu’il considère comme une menace pour la souveraineté et la sécurité du pays.