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Deux ans de silence, une vie de service : Boniface Alexandre à jamais

Port-au-Prince, 4 août 2025 — Ce 4 août marque le deuxième anniversaire de la mort de l’ancien Président provisoire Boniface Alexandre, disparu le 4 août 2023 à l’âge de 87 ans. Si le jour peut sembler ordinaire pour beaucoup, il réveille dans la mémoire collective haïtienne le souvenir d’un homme exceptionnel : juriste émérite, magistrat respecté, président intègre, enseignant passionné et patriote incontestable.

Né à Ganthier le 31 juillet 1936, issu d’une famille modeste, Boniface Alexandre gravit les échelons à force de travail, de discipline et d’une foi inébranlable dans la justice. Avocat de formation, il intègre le Cabinet Louis Lamarre en 1963 et entame une carrière juridique de 29 ans sans jamais perdre un seul procès. Il deviendra successivement substitut du commissaire, commissaire près la Cour de Cassation, puis juge et enfin président de cette haute juridiction en 2002.

Une Présidence de transition, mais un leadership durable

En février 2004, dans un contexte de crise politique aiguë, la Constitution haïtienne (article 149) l’appelle à la plus haute fonction de l’État. Pendant deux ans, Boniface Alexandre dirige le pays avec un sens rare du devoir et une vision axée sur la stabilité, la lutte contre la corruption, et la relance économique.

Son gouvernement, mené aux côtés du Premier ministre Gérard Latortue, évite à l’économie haïtienne de sombrer davantage après une décroissance brutale en 2003. Entre 2004 et 2006, l’inflation est maîtrisée, le PIB repart à la hausse, et la gourde se stabilise face au dollar — passant de 45 à 35 gourdes pour un dollar. Un exploit macroéconomique rarement observé dans l’histoire récente du pays.

Mais plus encore que les chiffres, c’est sa volonté farouche de réformer l’État qui marque les esprits. Pas moins de 82 décrets-lois sont signés durant cette courte période, créant ou renforçant des institutions majeures telles que l’ULCC, l’UCREF, la CNMP, l’IGF ou encore le CSPJ. Le décret dépénalisant l’adultère et pénalisant les violences sexuelles constitue également une avancée législative majeure.

Un juriste, un pédagogue, une mémoire nationale

Passionné de droit, toujours un livre à la main, Boniface Alexandre enseignait à l’Université de Port-au-Prince. Véritable encyclopédie vivante, il forma des générations d’avocats et de magistrats, marquant la vie intellectuelle et juridique haïtienne de son empreinte.

Sa présidence à la Cour de Cassation fut aussi l’occasion d’avancer de nombreux dossiers en souffrance, avec des décisions devenues des références de jurisprudence. Magistrat rigoureux, enseignant respecté, il était aussi un père aimant, un époux fidèle et un modèle de probité.

Témoignages unanimes d’une vie exemplaire

Sa disparition a suscité une onde de choc dans tout le pays. Des voix de tous horizons saluèrent l’homme et l’œuvre.

Le Protecteur du Citoyen Me Renan Hédouville parla d’un « patriote courageux », d’un « magistrat honnête », qui « a marqué la magistrature haïtienne par sa discipline et son professionnalisme ». L’ancien Premier ministre Ariel Henry évoqua la perte d’un « grand serviteur de l’État », tandis que Me Josué Pierre Louis rappela que Boniface Alexandre fut un « véritable serviteur public » qui passa plus de 50 ans au service du droit et de l’université.

Même l’ambassade des États-Unis en Haïti souligna son rôle dans la « transition pacifique du pouvoir » en 2006, saluant ainsi son attachement à la démocratie.

Un legs pour l’histoire

Pour beaucoup, Boniface Alexandre restera comme l’un des meilleurs présidents d’Haïti, non pas en raison de discours flamboyants ou d’ambitions électorales, mais par ses résultats concrets et son dévouement total à la nation. Il démontra qu’il est possible de gouverner avec honnêteté, rigueur et efficacité, même dans un contexte de transition.

Deux ans après sa mort, son exemple continue d’inspirer. Car, comme l’écrivait Victor Hugo : « Le souvenir, c’est la présence invisible. »


Paix à son âme. Que son souvenir reste un flambeau pour les générations à venir.

Par : Dr. Jean Bony Alexandre

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