Le gouvernement canadien renforce sa position ferme contre la corruption en Haïti. Après avoir ciblé plusieurs figures politiques, Ottawa poursuit sa série de sanctions, cette fois contre des membres influents du secteur économique haïtien.
Dans un communiqué publié ce lundi, le ministère des Affaires étrangères du Canada a annoncé des sanctions à l’encontre de trois hommes d’affaires haïtiens de premier plan : Gilbert Bigio, Reynold Deeb, et Sheriff Abdallah. Ces personnalités, connues pour leur poids considérable dans l’économie haïtienne, sont accusées de financer des gangs armés, de blanchiment d’argent et d’implication dans d’autres actes de corruption.
« Le Canada a des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres éminents de l’élite économique haïtienne pour protéger et permettre les activités illégales de bandes criminelles armées », a indiqué le ministère canadien.
Sanctions économiques sévères
Dans le cadre de ces mesures, les avoirs des trois hommes d’affaires au Canada seront gelés. Ils se verront également interdire toute activité économique sur le territoire canadien. Ces actions visent à couper les sources de financement des groupes armés qui alimentent l’instabilité chronique en Haïti.
Selon les autorités canadiennes, Bigio, Deeb et Abdallah sont notamment soupçonnés de faciliter l’entrée illégale d’armes lourdes en Haïti. Ces armes seraient ensuite distribuées à des gangs armés, responsables de la violence généralisée dans le pays. Les trois hommes contrôleraient par ailleurs une grande partie des ports douaniers haïtiens, souvent en dehors du contrôle effectif de l’État.
Une campagne élargie contre la corruption
Ces nouvelles sanctions s’inscrivent dans une campagne internationale plus vaste contre les réseaux de corruption et de financement de la violence en Haïti. Le Canada avait déjà sanctionné plusieurs figures politiques de haut rang, dont l’ancien président Michel Martelly, les anciens premiers ministres Laurent Lamothe et Jean Henry Céant, ainsi que plusieurs anciens parlementaires, pour leur implication présumée dans le soutien aux gangs armés.
La semaine dernière, les États-Unis ont emboîté le pas au Canada en imposant à leur tour des sanctions contre le sénateur Rony Célestin et l’ancien sénateur Hervé Fourcand.
Une initiative soutenue par l’ONU
Ces actions s’appuient sur une résolution portée par les États-Unis et adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations Unies, visant à renforcer les efforts internationaux contre l’insécurité et la corruption en Haïti.
De nouvelles annonces sont attendues dans les prochains jours. D’autres personnalités influentes, issues des milieux économiques, politiques et de la société civile haïtienne, pourraient également être ciblées par des sanctions similaires, tant par le Canada que par les États-Unis
JEAN LOUIS FANFAN