Alors que la transition politique en Haïti reste au point mort, la Caricom a organisé cette semaine une réunion virtuelle de haut niveau avec les principaux acteurs nationaux. L’objectif : relancer les pourparlers sur la transition et empêcher un effondrement total des institutions haïtiennes. Depuis plusieurs semaines, la communauté caribéenne observe avec préoccupation l’impasse persistante et tente de favoriser une sortie de crise structurée.
Dès le début des discussions, les désaccords ont ressurgi. Les participants, issus de la classe politique, de la société civile et du secteur privé, n’ont pas réussi à s’accorder sur des points clés, notamment la gouvernance du Conseil présidentiel de transition (CPT) et les étapes à venir. Une fois encore, les intérêts partisans ont pris le pas sur les impératifs nationaux.
Dans ce climat tendu, un bouleversement semble imminent : Alix Didier Fils Aimé, représentant du secteur privé, pourrait être écarté, servant de bouc émissaire pour calmer certaines tensions. De plus, plusieurs membres du CPT sont visés par des accusations de corruption, ce qui affaiblit davantage la crédibilité de l’institution. En réaction, les deux observateurs chargés de surveiller le fonctionnement du Conseil devraient être officiellement retirés, signe d’un profond désaveu envers cet organe transitoire.
Face à cette impasse, la Caricom propose désormais une réforme en profondeur du CPT, en réduisant sa composition à trois ou quatre membres. L’objectif est de faciliter les prises de décision et de limiter les blocages internes. Mais cette suggestion suscite déjà de fortes réticences au sein de la Primature et d’autres cercles du pouvoir, où certains redoutent de perdre leur influence dans un format plus restreint.
Parallèlement, la formation d’un gouvernement d’unité nationale est sérieusement envisagée. Ce cabinet resserré, composé de personnalités neutres ou consensuelles, aurait pour mission de rétablir un minimum de confiance institutionnelle et de préparer des élections libres. Si cette perspective peut sembler prometteuse, sa réussite dépendra de la volonté des acteurs haïtiens à surmonter leurs intérêts personnels pour privilégier le bien commun. Faute de quoi, le pays pourrait s’enfoncer davantage dans une crise sans issue.